Qui n'a pas vu accroché sur un mur
d'un vieux café ou d'une maison un petit garçon (ou une petite
fille) avec de gros yeux tristes?
C'est l’œuvre d'un couple: les
KEANE.
ART RAIE est sur les traces de
l'artiste à l'origine de la Big Eyes mania qui submergea les
États-Unis et le monde dans les années 1950-60.
Walter Keane |
San
Francisco, Walter Keane, présente une série d'enfants dotés de gros yeux volumineux.
Les proportions physiques ne sont pas
respectées. Une méthode aussi évidente que lourde pour exprimer un
sentiment de tristesse inconsolable sur le visage du sujet dessiné.
Doté d'une grande force de dissuasion
et impitoyable en affaires, Walter annonce fièrement en être
l'auteur.
Le succès arrive.
Les commandes s'arrachent et les
expositions s’enchaînent...
Monsieur et Madame Keane |
Quelques années plus tard, l'ascension
de Walter Keane ne faiblit pas.
Il a une idée révolutionnaire pour
l'époque: vu que la «middle class» américaine ne peut pas se
permettre d’acheter ses toiles si chères, il vend à bas prix de
simples reproductions imprimées.
C'est le Bingo!
Un véritable succès commercial mais
l'histoire ne s'arrête pas là!
Il se met en collaboration avec la
grande distribution et toujours dans une optique de vente agressive,
il inonde l'ensemble des supermarchés du pays de ses créations!
Re-Bingo!
Walter Keane envahi les cuisines et les
chambres à coucher de la classe moyenne jusqu'aux demeures des stars
d'Hollywood, le siège de l'ONU, et même quelques musées.
Nathalie Wood toute fière de sa
dernière acquisition
|
Les critiques d'art sont irritées car
pour elles ce n'est qu'un peintre du dimanche! Certains hésitent
comme A.Warhol («...son travail doit être bon, sinon tant de
personnes ne l'apprécieraient pas ! »
L'homme agace.
Il se compare même
volontiers à Rembrandt, Degas ou Michel-Ange!
L'argent coule à flots. Toujours plus.
Sur un plateau de télé il raconte que
son inspiration est venue durant un séjour à Berlin à
l'après-guerre. Des hordes d'orphelins erraient dans
les rues dans la misère la plus totale. Un souvenir douloureux qu'il
exorcise depuis...sur ses toiles...
Comme c'est touchant...
Tout semble marcher à merveille et
d'un seul coup patatras!
Scandale!
Madame Margaret Keane qui, jusque là, est
restée en retrait vis à vis de son mari parle.
Elle affirme alors avoir réalisé
l'ensemble des œuvres de son mari .
Que celui -ci est incapable de tenir un
pinceau!
Pire encore, elle avoue que Walter est
un alcoolique qui la frappe et l'oblige à peindre!
Les médias de l'époque s'emparent de
l'affaire, le public est outré.
Margaret Keane gagne son divorce et
prouve à la justice américaine qu'elle est bien la seule et unique
créatrice du couple !
Walter Keane, le traître, le menteur,
meurt ruiné en 2005 sans jamais, en ignoble mythomane, céder sur sa
version des faits.
Margaret elle peint toujours...
librement...
Elle a juste appris à se vendre
depuis...(voir ici)
Tim Burton réalisa en 2014 un film
intitulé « Big Eyes » retraçant ce phénomène Keane
quand même assez tragique...(voir ici)