lundi, juillet 18, 2016

BIG EYES

Qui n'a pas vu accroché sur un mur d'un vieux café ou d'une maison un petit garçon (ou une petite fille) avec de gros yeux tristes?


C'est l’œuvre d'un couple: les KEANE.
ART RAIE est sur les traces de l'artiste à l'origine de la Big Eyes mania qui submergea les États-Unis et le monde dans les années 1950-60.

Walter Keane
San Francisco, Walter Keane, présente une série d'enfants dotés de gros yeux volumineux.
Les proportions physiques ne sont pas respectées. Une méthode aussi évidente que lourde pour exprimer un sentiment de tristesse inconsolable sur le visage du sujet dessiné.
Doté d'une grande force de dissuasion et impitoyable en affaires, Walter annonce fièrement en être l'auteur.
Le succès arrive.
Les commandes s'arrachent et les expositions s’enchaînent...

Monsieur et Madame Keane

Quelques années plus tard, l'ascension de Walter Keane ne faiblit pas.
Il a une idée révolutionnaire pour l'époque: vu que la «middle class» américaine ne peut pas se permettre d’acheter ses toiles si chères, il vend à bas prix de simples reproductions imprimées.
C'est le Bingo!


Un véritable succès commercial mais l'histoire ne s'arrête pas là!
Il se met en collaboration avec la grande distribution et toujours dans une optique de vente agressive, il inonde l'ensemble des supermarchés du pays de ses créations!
Re-Bingo!
Walter Keane envahi les cuisines et les chambres à coucher de la classe moyenne jusqu'aux demeures des stars d'Hollywood, le siège de l'ONU, et même quelques musées.


Nathalie Wood toute fière de sa dernière acquisition


Les critiques d'art sont irritées car pour elles ce n'est qu'un peintre du dimanche! Certains hésitent comme A.Warhol («...son travail doit être bon, sinon tant de personnes ne l'apprécieraient pas ! »

L'homme agace.  
Il se compare même volontiers à Rembrandt, Degas ou Michel-Ange!
L'argent coule à flots. Toujours plus.
Sur un plateau de télé il raconte que son inspiration est venue durant un séjour à Berlin à l'après-guerre. Des hordes d'orphelins erraient dans les rues dans la misère la plus totale. Un souvenir douloureux qu'il exorcise depuis...sur ses toiles...
Comme c'est touchant...

Tout semble marcher à merveille et d'un seul coup patatras!

Scandale!

Madame Margaret Keane qui, jusque là, est restée en retrait vis à vis de son mari parle.
Elle affirme alors avoir réalisé l'ensemble des œuvres de son mari .


Que celui -ci est incapable de tenir un pinceau!
Pire encore, elle avoue que Walter est un alcoolique qui la frappe et l'oblige à peindre!
Les médias de l'époque s'emparent de l'affaire, le public est outré.

Margaret Keane gagne son divorce et prouve à la justice américaine qu'elle est bien la seule et unique créatrice du couple !

Walter Keane, le traître, le menteur, meurt ruiné en 2005 sans jamais, en ignoble mythomane, céder sur sa version des faits.

Margaret elle peint toujours...
librement...


Elle a juste appris à se vendre depuis...(voir ici)
Tim Burton réalisa en 2014 un film intitulé « Big Eyes » retraçant ce phénomène Keane quand même assez tragique...(voir ici)