dimanche, avril 30, 2017

SUZANNE VALADON OU LA FUREUR DE PEINDRE

Peut nombreuses sont les femmes qui sont entrées dans l'histoire de l'Art français.

Suzanne Valadon y a trouvé une place d'autant plus singulière que rien ne l'y prédestinait.
A cette époque les femmes avaient aucun droit. Peindre était très mal vu.

Voici donc le parcours peu ordinaire d'une femme décidément très moderne.

Celui d'un être au tempérament sulfureux certes mais authentique.

Marie Clémentine Valadon naquit en 1865. Sa mère vit seule avec un maigre salaire de lingère.
Le temps fait son œuvre et la gamine insolente devient une adolescente à la beauté précoce.
Quelques mois après un sévère accident lors d'une répétition dans un cirque, elle devient Maria modèle pulpeux, rayonnant aux yeux des peintres pour qui elle va poser pendant dix ans.
Parmi eux, on y retrouve : Puvisde Chavannes, Henner, Toulouse-Lautrec, Renoir...
Beaucoup seront naturellement ses amants...

Suzanne Valadon, Paris vers 1890

Fière et revancharde, voluptueuse et paillarde, passionnelle et possessive, jalouse et fort en gueule, elle cultive une passion depuis son enfance : celle du dessin.
Les ateliers des maîtres lui servent de couche et d'école. Elle écoute, observe, s'instruit.
Marie Clémentine abandonne désormais son prénom pour celui de Suzanne.

A dix huit ans, elle accouche d'un fils : Maurice Valadon
(celui-ci deviendra peintre également. ART RAIE consacrera son prochain article sur lui)
Elle le peindra d'un pinceau sans pitié, mais toujours avec grandeur et bonté.

Suzanne Valadon, Paris 1885
Quelques années plus tard, elle rencontre Degas.
Une longue amitié les liera jusqu'à la fin. Elle sera son seul disciple.


L'acrobate, ou la roue 1916. Huile sur toile 38*46 cm

On découvre déjà sur ses premières toiles une volonté farouche de ne pas verser dans l’afféterie ou la facilité. Elle use d'une palette riche. D'une écriture franche caractérisée par ce trait noir qui cerne ses figures.
Autoportraits et portraits, nus, paysages et natures mortes révèlent une personnalité rare et authentique.

Nu allongé sur un canapé rouge 1920 Huile sur toile 80*121 cm

Elle saisie les corps des femmes dans une immobilité silencieuse intemporelle et grave.
Le visage est souvent fermé. En revanche, la morphologie d'un dos courbé, l'abandon du repos, la grâce de l'éveil, l'intimité du bain sont autant de mises en scènes que l’artiste choisit d'éterniser.
Sans complaisance, elle recherche inlassablement la vérité à travers ces anatomies, ces nus charnels, tantôt solaires, tantôt fanés.
La nudité chez Valadon donne à voir avec grandeur des histoires ordinaires.


La toilette 1908 Pastel et fusain sur papier 48*60 cm



Femme dans son tub vers 1910 Sanguine sur papier 19*27 cm

A trente ans, elle épouse un bourgeois. A quarante quatre ans, elle le quitte pour André Utter, peintre de son état. Il est âge de vingt trois ans mais qu'importe.
Suzanne montre une virtuosité et une confiance croissante dans sa volonté de travailler sur toile.

L'avenir dévoilé, ou la tireuse de cartes 1912 Huile sur toile 63*130 cm

1917 marque le décès de son grand ami Degas. Son fils traverse des crises d'éthylisme et de schizophrénie. Ses brouilles avec son mari sont de plus en plus profondes.
Elle réapprend la solitude.

La chambre bleue 1923 Huile sur toile 90*116 cm

Elle est victime d'une attaque le 7 Avril 1938 et décède alors âgée de 72 ans.


Autoportrait 1883 Crayon, fusain et pastel sur paoier 43,5*30,5 cm

Malgré une vie houleuse , Suzanne Valadon rencontrera un succès certain.
Elle conduit âprement sa carrière de peintre pendant prés de quarante ans.
Artiste, elle se battit pour rester indépendante et ignora les influences éphémères de l'art expérimental, s'appuyant sur son propre instinct et son intuition.
Ses confrères l’appelaient Valadon,

ce qui montre bien qu'ils la considéraient comme un artiste
plus que comme une « femme artiste ».
lorsqu'on regarde ces merveilleux dessins de nus ou une peinture de vase de fleurs signés Valadon, la question ne son sexe semble totalement hors de propos.


La grand-mère 1883 Sanguine, fusain, craie blanche et crayon sur papier 35,2*29,5 cm

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